Théo Miloche : "nous avons capté l'attention du patronat" (Manifeste Etudiant pour un Réveil Écologique)

Lancé il y a 13 mois, le Manifeste Etudiant pour un réveil écologique a déjà recueilli plus de 31 000 signatures. Des étudiants de grandes écoles prestigieuses y affirment qu'ils refuseront de travailler pour des entreprises qui ne prendraient pas en compte les enjeux de la transition écologique. Théo Miloche, futur diplômé d'HEC et de Sciences-Po Paris mais aussi porte-parole du mouvement, affirme que le message commence à infuser auprès des PDG. Il annonce par ailleurs le lancement d'un outil de notation "d'ici la fin de l'automne" destiné à mesurer la réalité de la prise en compte des urgences écologiques par les entreprises (en accès libre).
RSEDATANEWS : un mois et demi après votre intervention remarquée aux Rencontres des Entreprises de France (REF) organisées par le MEDEF – lors de laquelle vous appeliez à une réelle prise en compte des enjeux écologiques – le soufflé est-il retombé ?
Théo Miloche : cette intervention a eu un large d’écho. Elle nous a surtout permis de toucher des gens qui n’avaient pas encore entendu parler de notre manifeste jusqu’à présent. Cela nous a aussi permis de prendre contact avec les représentants de diverses entreprises. La conséquence, c’est que notre message imprime de plus en plus auprès des patrons et des directeurs développement durable.
RSEDN : concrètement, par qui êtes-vous désormais reçu dans les entreprises ?
T. M : le premier contact passe en général par le directeur ou la directrice RSE. Mais il s’agit bien souvent d’une première étape avant la rencontre avec le PDG. Il nous arrive aussi d’intervenir devant des comités exécutifs (Comex, NDLR).
"Les futurs diplômés ne candidateront pas"
RSEDN : le recrutement des diplômés des grandes école est un enjeu de taille pour les entreprises, en particulier celles du SBF 120. Avez-vous conscience que votre message, à savoir que vous ne voulez pas travailler pour des entreprises irresponsables, fait désormais peur ?
T. M : je ne reprendrai pas le mot peur à mon compte. Mais on constate que l’on parvient à établir un dialogue intéressant. Au fond, je ne pense pas que le manifeste soit à l’origine de ce mouvement. Mais je pense que cela le rend visible. C’est la raison pour laquelle nous avons réussi à capter l’attention du patronat. En tant que futurs jeune diplômés, nous savons que nous disposons de ce levier. Nous ne nous privons pas de l’utiliser. Les enjeux de transitions écologiques doivent devenir la priorité de chacun. En tant que futurs employés, nous nous y employons. Il faut aussi se sortir de la tête l'image d’un jeune diplômé qui claquerait la porte lors d’un entretien d’embauche. La réalité sera plus simple. Les jeunes diplômés dont nous portons la voix n’enverront tout simplement pas de candidature aux entreprises dont ils désapprouvent le modèle. C’est la recherche de sens qui primera pour eux.
RSEDN : vous avez déclaré que votre collectif travaille actuellement à la fabrication d’un outil d’évaluation de la politique de responsabilité des entreprises. De quoi s’agit-il ?
T. M : nous n’en avons pas dit plus à ce sujet, à dessein. Mais je peux vous annoncer que cet outil sortira d’ici la fin de l’automne. L’idée, c’est de disposer d’une évaluation fiable du niveau de prise en compte des enjeux de la transition écologique dans les entreprises vers lesquelles se dirigent les étudiants. Ce que l’on constate désormais, c’est que la théorie selon laquelle les diplômés des grandes écoles se ruent vers les grands groupes est désormais invalidée.
LIENS DE L’ARTICLE
site web: Manifeste étudiant pour un réveil écologique (page web): https://pour-un-reveil-ecologique.fr/index.php