Patricia Savin : "proposer des solutions pragmatiques" (Orée)

Propos recueillis par Antonin Amado | 08 Juillet 2019 | 896 mots

Savin Patricia

L’Orée affiche un nombre de membres en hausse et une bonne santé financière. C’est ce qu’affirme Patricia Savin. La présidente de cette association multi-acteurs, créée en 1992, entend creuser les sujets qui sont désormais au cœur de l'expertise de son organisation : la lutte contre le réchauffement climatique, le développement de l’économie circulaire et la préservation de la biodiversité (en accès libre).

RSEDATANEWS : quel bilan tirez-vous des 12 mois écoulés pour l'Orée? 

Patrcia Savin : nous avons encore produit de nombreux livrables cette année sur nos 3 sujets prioritaires : RSE, biodiversité et économie circulaire. Et ce grâce à une équipe d'une quinzaine de salariés très soudée et motivée. Nous avons aussi la chance de disposer de présidents de groupes de travail très qualifiés. On constate qu’il existe une véritable mobilisation de notre réseau d’entreprises et de collectivités locales pour faire avancer nos sujets.

RSEDN : le nombre de vos adhérents a-t-il progressé depuis un an ?

P. S : oui. Nous en comptons 34 de plus que l’an dernier. Nous comptons aujourd’hui 180 adhérents.

RSEDN : dans quelle santé financière se trouve l’Orée ?

P. S : très bonne. Nous avons dégagé un excédent financier cette année. Cet excédent est structurel. Il marque, je crois, la satisfaction de nos adhérents de trouver un lieu d’échange et de partage d’expérience. Nous sommes un think tank mais aussi un do tank. Nous réfléchissons aux problématiques mais nous essayons aussi de proposer des solutions pragmatiques.

"Des priorités boostées par l'actualité"

RSEDN : les autres organisations de places telle que l’ORSE, EpE, le C3D, le Comité 21 ou le Global Compact (lire nos articles ci-contre) font toutes le même constat : les enjeux liés à a responsabilité sociale des entreprises sont réellement devenus centraux. Partagez-vous cette analyse ?

P. S : ce que l’on constate, c’est une mobilisation forte des acteurs. Il existe une prise de conscience de toutes les parties prenantes que nous avons à relever collectivement 3 défis : celui du réchauffement climatique, celui de la destruction de la biodiversité et celui de l’épuisement des ressources. Cette prise de conscience de tous et de chacun est très clairement là. Elle se traduit par des demandes d’intervention dans des conférences, une multiplication des demandes de retour d’expériences, des animations de réseaux afin que les bonnes pratiques soient largement partagées. Les avancées législatives que constituent la loi Pacte, celle qui sera présentée le 10 juillet sur l’économie circulaire pour laquelle nous avons largement contribué, ainsi que le rapport de l’IPBES sur la biodiversité sont des accélérateurs évidents. Nos 3 priorités ont été boostées par l’actualité.

RSEDN : sur ces sujets-là, l’articulation entre l’action de la puissance publique et celle des acteurs du privé est-elle à la hauteur des enjeux ?

P. S : elle est plutôt bonne. Il y a une volonté de mener une action collective, transversale et pluri-disciplinaire. Tout le monde a aujourd’hui conscience qu’il est nécessaire de casser les silos. On l’observe par exemple sur des sujets d’aménagement du territoire. Des acteurs privés travaillent intelligemment avec les représentants publics pour aménager ces territoires de manière durable, selon les principes de l’économie circulaire.

RSEDN : vous travaillez aussi bien sur le climat que sur celui de la biodiversité. Considérez-vous que le premier sujet phagocyte aujourd’hui le second ?

P. S : pas au niveau des professionnels ni des collectivités. Le sujet de la biodiversité a été clairement identifié et considéré comme structurant. La biodiversité en ville, c’est du concret. Ce sont des enjeux dont ces acteurs se préoccupent depuis longtemps car ils disposent de véritables moyens pour agir à leur échelle. C’est moins le cas pour le climat, dont la gouvernance se situe davantage au niveau des États. 

RSEDN : les deux organisations de place qui travaillent le plus sur la biodiversité sont la vôtre mais aussi EpE (Entreprises pour l’Environnement). Envisagez-vous de collaborer sur le sujet dans un avenir proche ?

P. S : EpE témoigne de son activité en faveur de la biodiversité dans le cadre du Global Partnership for Business and Biodiversity (une initiative placée sous l’égide de l’ONU) dont nous sommes le point de contact en France. Et nous sommes pour notre part membre d’Act4Nature. EpE est plus tournée vers les entreprises du CAC 40. Nous sommes plus tournés vers des acteurs locaux, que ce soit les PME ou les collectivités locales. Nos actions sont complémentaires.

RSEDN : quelles seront les priorités de votre association au cours des 12 prochains mois ?

P. S : nous resterons très mobilisés sur la biodiversité. Nous sommes d’une certaine façon mandatée par les Nations Unies pour fédérer les acteurs français sur cet enjeu-là. Nous allons continuer de militer pour que la biodiversité soit intégrée à la stratégie des entreprises. Nous continuerons à suivre les sujets liés à l’économie circulaire. Nous serons attentifs à l’examen du texte loi et à sa mise en œuvre. Et puis nous décrypterons aussi le contenu des premières DPEF (déclaration de performance extra-financière, NDLR).

Lors de son assemblée générale du 1er juillet 2019, l'Orée a élu son nouveau conseil d'administration : 

Ont été renouvelés : Sabine Desnault (Gecina), Benjamin Enault (Utopies), Valentine Lassalas (CNR), Michel Lopez (SNCF), Franck Sprecher (via une nouvelle structure : Greenflex) et Ariane Thomas (L’Oréal),
Nouveau(x) entrant(s) : Daniel Baumgarten (Séché Environnement)

 

POUR APPROFONDIR LE SUJET

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