Economie circulaire : les partenariats d'entreprises, moteurs sécurisants de son développement (EpE)

Marjorie Charpentier | 04 Juillet 2021 | 833 mots

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Si la transition vers un modèle d'économie circulaire réduirait de 83 % les émissions de gaz à effet de serre en Europe d'ici à 2050 selon la Fondation Ellen MacArthur, la mise en place de partenariats inter-entreprises dotés d'une gouvernance efficace permettrait de desserrer dès aujourd'hui nombre de freins actuels, indique l'association EpE dans sa dernière publication, preuves à l'appui. 

Et si l'exemple venait du terrain et de l'observation des bonnes pratiques ? "Constatant la difficulté de développer l'économie circulaire, la commission ressource d'EpE s'est penchée sur les opérations qui fonctionnaient et il s'agit le plus souvent d'opérations partenariales", a souligné Claire Tutenuit, présidente de l'association lors de la présentation du rapport Les partenariats, socle de l'économie circulaire, le 28 juin dernier. Ce document, résultat d'un travail entre Entreprises pour l'Environnement (EpE) et la Chaire Économie Circulaire de ESCP-Deloitte, décrit 27 exemples de bonnes pratiques lancées par des membres de l'organisation et décortique les systèmes propices à l'émergence d'une économie décarbonée en phase avec les enjeux climatiques. L'économie circulaire représente en effet une alternative au système actuel néfaste pour l'environnement. Et ces partenariats sont, selon les entreprises engagées, des solutions aux nombreux freins qui empêchent son développement : dispersion géographique des flux, disponibilité insuffisante de matières secondaires, manque de compétences et de technologies… 

Lever les blocages

Premier avantage : les partenariats permettent de tirer le meilleur parti des ressources locales. C'est par exemple le cas de la plateforme de Roussillon : le site exploité par Séché Environnement traite les déchets non recyclables des usines locales et leur redistribution sous forme de vapeur grâce à la chaleur générée par leur combustion. Mais le partenariat est aussi un moyen de se mettre à l'abri des soubresauts des marchés : "dans le recyclage, il est vital de s'assurer que l'on a des volumes assez importants à traiter. De plus, il n'y a pas, dans ce cadre, de question de volatilité des prix, ni de problématiques de pénurie", développe Carine Kraus, directrice du développement durable de Veolia qui collabore à plusieurs partenariats et travaille notamment avec Total Energies pour récupérer des huiles usagées. 

S'unir est également analysé comme un moyen de surmonter certaines contraintes, comme l'indique Isabelle Spiegel, directrice de l'environnement du groupe Vinci. La publication met en avant l'association Circolab dont l'entreprise fait partie, qui réunit plus de 70 acteurs privés et publics du BTP. Ce partenariat à large échelle permet un travail sur l'ensemble de la chaîne de valeur de renouvellement des usages et d'engager des réflexions sur les pratiques qui pourraient lever les contraintes réglementaires, freins importants au développement de l'économie circulaire. "Nous collaborons pour publier des travaux sur des éléments spécifiques comme les assurances, la fiscalité. Nous travaillons aussi à mettre en place une méthodologie du réemploi en définissant les usages et les bénéfices", précise Isabelle Spiegel.

Trouver la gouvernance adaptée

Ces recherches de complémentarité ne peuvent fonctionner que si les partenaires définissent une gouvernance adaptée, mettent en avant Aurélien Acquier et Valentina Carbone, Codirecteurs scientifiques de la Chaire économie circulaire de l’ESCP, qui ont développé en observant les exemples sélectionnés une typologie autour de trois grands modèles : centralisée avec un acteur qui prend en charge l'ensemble des coûts d'organisation, des risques et bénéfices des partenariats choisi par Seb. Le modèle distribué est quant à lui organisé autour de plusieurs acteurs comme dans le cas de l'alliance entre Raboni et Paprec, le premier apportant son réseau de site, le second ses équipements de tri et logistique. Troisième solution : un modèle de gouvernance par une plateforme numérique qui organise la mise en relation. "Il n'y a pas de modèle unique, précise Valentina Carbone, mais des risques et avantages pour chacun. Ce que nous cherchons, c’est à aider à la mise en œuvre de ce type de projets sans en sous-estimer les problématiques spécifiques liées à la gouvernance."

Si les enjeux sont de taille, comme le rappelle l'étude, les participants sont convaincus que la question des partenariats est amené à jouer un rôle primordial à l'heure de nouvelles réglementations comme le futur marché carbone européen va obliger les entreprises à réduire encore plus leur empreinte. "Je pense que le rapport de force entre l'économie circulaire et l'économie linéaire va s'intensifier", détaille Pierre-Yves Burlot, Directeur Développement durable de Séché Environnement. En sachant, comme le souligne l'étude que ces développements ne dépendent pas seulement des acteurs industriels mais aussi de l'action des pouvoirs publics. Le document rappelle à ce titre que le paysage de l’économie circulaire est en constante évolution. En France, la promulgation de la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (Agec) va accélérer certaines transformations et, à l’échelle européenne, le piler "économie circulaire" de la taxonomie des activités durables pourrait définir des standards internationaux. Des sujets qui vont être sans aucun doute suivis par les partenaires venus présenter leurs résultats plus que jamais décidés à aller de l'avant. 

LIENS DE L’ARTICLE

site web: EpE - ESCP - Etude "Les partenariats, socle de l’économie ciculaire" (juin 2021, PDF, 65 pp): http://www.epe-asso.org/wp-admin/admin-ajax.php?wisadmin=false&action=dropfiles&?action=dropfiles&task=file.download&id=2018

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