LFE fait un bilan d'étape des EnR en France

La Fabrique Ecologique dresse un état des lieux du secteur des énergies renouvelables sur le territoire français : filières et avancées à prévoir à l’aune des objectifs de la PPE d'octobre 2016 (en accès libre)
Dans son décryptage ‘Energies renouvelables en France : où en est-on en juillet 2017 ?’, la Fabrique Ecologique dresse un état des lieux du secteur des énergies renouvelables sur le territoire français. En s’appuyant notamment sur les chiffres du Baromètre de l’Observatoire des Énergies Renouvelables (EurObserv'ER), le document fait le point sur la situation actuelle des différentes filières et sur les avancées à prévoir à l’aune des objectifs fixés par la PPE mise en place en octobre 2016.
Depuis août 2015, le développement des énergies renouvelables en France se réalise dans le cadre de la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte (LTECV). Ce texte établit notamment comme objectif la hausse de la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute à 23% en 2020 puis à 32% en 2030, et une réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50% en 2025 (contre 72.3% en 2016), avec un plafond de 63,2 GW.
Une première Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) a été mise en place fin 2016 pour piloter la politique énergétique du pays et permettre la réalisation de ces objectifs. Elle prévoyait notamment de doubler la capacité installée des EnR électriques pour atteindre entre 71 et 78 Gw d’ici 2023 (contre 41 Gw en 2014, soit 14.3% de la production nationale) et d’augmenter de plus de 50% la production de chaleur renouvelable pour atteindre 19 Mtep en 2023 (lire notre article ci-dessous).
Dynamisme de l’éolien, optimisme dans le solaire et retards dans les énergies marines
Avec une puissance installée de 11,166 Mw en 2016, le rapport de la Fabrique Ecologique indique que le parc éolien terrestre français est devenu le 4ème parc éolien d’Europe et représente 3.9% de la production totale d’électricité en France. Dynamisé par la simplification du cadre réglementaire, le secteur a connu en 2016 un record de puissance raccordée au réseau (1.5 Gw), cependant en deçà de l’objectif de raccordement annuel de 1,8 Gw fixé par la PPE pour atteindre les 15,000 Mw de capacité prévus dès l’échéance 2018.
Quand à la filière photovoltaïque solaire, qui représente 1,6% de la production totale d’électricité en France, la capacité installée en 2016 atteint 7,017 Mw (DOM-TOM inclus), contre 6,549 Mw fin 2015. L’optimisme des acteurs de la filière sur les perspectives de développement est notamment dû aux avancées législatives permettant de nouveaux modèles de rémunération des énergies vertes (mécanisme de complément de rémunération), ou encore la Loi pour la reconquête de la biodiversité qui stipule que les nouveaux bâtiments commerciaux doivent avoir des systèmes de production d’énergie renouvelable sur leurs toitures. Le rapport précise toutefois que le rythme de raccordement actuel au réseau devra être doublé pour atteindre les 2 Gw annuels prévus par l’option haute de la PPE et arriver à la capacité de production de 10,200 Mw prévue pour l’échéance 2018.
En ce qui concerne les énergies marines, le décryptage estime que les objectifs seront difficiles à atteindre, notamment pour cause de retards dans la mise en place des consortiums d’éolien fixés en mer qui ne produiront de l’énergie qu`á partir de 2020. Malgré le potentiel des côtes françaises, la filière ne décolle pas comme en témoignent les déconvenues d'Alstom - GE et de DCNS (lire ci-dessous).Les premières fermes pilotes d’éolien flottant devraient fonctionner dès 2019, mais le développement de la filière à échelle industrielle devrait prendre une dizaine d’années. Le développement de l’hydrolien, également en phase pilote, rencontre des difficultés techniques et financières. Le groupe ENGIE a d’ailleurs annoncé début janvier 2017 l’abandon de son projet Nepthyp de 4 hydroliennes Oceade d’une capacité de 1,4 MW chacune, fournies par Alstom, racheté depuis par General Electric. Or le groupe américain - malgré ses promesses - se désengage dans la filière, jugée trop peu mature.
Chaleur renouvelable : sous-exploitation actuelle du bois-énergie et fort recul du solaire thermique
La PPE prévoit une quantité de chaleur et de froid renouvelable livrée par les réseaux de 1,35 Mtep en 2018 -soit 2 fois plus qu’en 2012 - et autour de 2 Mtep en 2023, ce qui impliquerait le doublement du rythme actuel de développement de la filière. Le rapport rappelle que la principale source de chaleur renouvelable en France reste le bois-énergie. Une source qualifiée par les auteurs d'actuellement sous-exploitée pour cause notamment de morcellement des forêts et bois sur le territoire français. Cependant, l’Autorité Environnementale a estimé, dans son avis du 24 août 2016, que les objectifs de mobilisation de la biomasse bois-énergie dans la PPE allaient au-delà des ressources locales disponibles, supposant un recours important à l’importation peu compatible avec l’enjeu écologique du développement de la filière (lire notre article ci-dessous sur l’annulation de l’autorisation d’exploitation de la centrale biomasse de Gardanne en juin 2017 et le coût des importations de pellets). Notons (ndlr) que la Fédération des services énergie et environnement (Fedene) vient de créer un portail internet ce début juillet « Observatoire des réseaux de chaleur » (lien ci-dessous) pour suivre le potentiel et l'installation des réseaux collectifs.
Quand au solaire thermique, il se trouvait en recul de 35% en 2015 et est presque inexistant en France. Enfin, si les objectifs fixés pour le biogaz chaleur semblent atteignables, les objectifs biogaz-carburant et biogaz-injection dans le réseau sont, d’après le rapport, ambitieux.
Quelle sera la politique du nouveau gouvernement ?
Le dossier rappelle que les engagements du candidat Macron s’inscrivaient dans le cadre de la LTECV et des Accords de Paris. Pendant la campagne, le candidat avait également déclaré prévoir une enveloppe globale de 15 milliards d’euros d’investissement public pour la transition énergétique (lire l'avis d'expert de Philippe Zaouati, CEO de Mirova ci-dessous) et vouloir encourager les investissements privés à hauteur de 30 milliards. Il avait par ailleurs affirmé son intention de doubler la capacité de production solaire et éolienne du pays et de simplifier les longues procédures de déploiement et de recours actuelles, qui conduisent à des délais trop long pour les développeurs et à l'installation d'équipements d'ancienne génération.
Lors de la présentation du Plan Climat le 6 juillet 2017, le Ministre Hulot n’a pas évoqué de mesures concrètes dans l’immédiat, mais il a notamment rappelé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, indiqué que les appels d’offres seraient publiés d’ici 1 an et évoqué qu’une possible hausse des ressources allouées à la chaleur renouvelable serait étudiée. (lire notre article ci-dessous). En ce qui concerne le dossier sensible du nucléaire, le Plan Climat prévoit la fermeture de jusqu’à 17 réacteurs sur un total de 58. Rappelons que la PPE avait déçu sur le volet nucléaire, s’alignant sur les objectifs fixés par la LTECV et actant la fermeture des 2 réacteurs de Fessenheim en prévision de l’ouverture de Flamanville fin 2018/début 2019, mais sans encore de mesures concrètes pour l’évolution à la baisse du parc installé.
LIENS DE L’ARTICLE
site web: La Fabrique Ecologique - décryptage #43 (page web): http://www.lafabriqueecologique.fr/decryptage-1
site web: FEDENE - Observatoire des réseaux de chaleur (site web): http://www.observatoire-des-reseaux.fr/