L'administration Trump torpille le Plan Climat d'Obama

Isabelle Baleydier | 10 Octobre 2017 | 568 mots

CLEAN-ENERGY

Signé en août 2015, le « clean power plan » était l'un des principaux legs de Barack Obama. Conformément à la promesse de campagne de Donald Trump, il va être abrogé - au risque de précipiter d'autres risques pour le pays ? (en accès libre)

« Nous n'avons qu'une planète. Il n'y a pas de plan B ». C'est en ces termes que Barack Obama avait présenté son plan pour une énergie propre en août 2015. Ce plan avait pour but d'accélérer la transition énergétique et d'imposer aux centrales thermiques des réductions de leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 32% d'ici à 2030 par rapport à 2005. Le dispositif aurait entraîné la fermeture de nombreuses centrales à charbon, les plus anciennes et les plus polluantes. Les États miniers majoritairement républicains s'étaient alors lancés dans une bataille judiciaire. 
Parmi les opposants les plus virulents au plan Obama : Scott Pruitt. Sa particularité : être climato-sceptique. A l'époque, il était procureur général de l'Oklahoma et à ce titre, il avait mené le combat devant les tribunaux contre le « Clean power plan » - ses opposants le taxant de conflit d'intérêt. Aujourd'hui, devenu le chef de l'Agence américaine de l'Environnement (EPA), il savoure : « la guerre contre le charbon est finie », a-t-il annoncé ce lundi lors d'un discours dans le Kentucky, une terre minière de l'est du pays. 

Une filière minière moribonde

Les défenseurs du charbon espèrent qu'en donnant un coup d'arrêt au plan Obama, la filière va reprendre des couleurs mais on peut en douter. Si la part du charbon reste importante dans la production énergétique aux États-Unis, le secteur minier ne pèse plus que 21%, contre 32% pour le gaz naturel, 28% pour le pétrole, 11% pour les énergies renouvelables et 9% pour le nucléaire. Selon l'agence américaine pour l'énergie (EIA), le nombre d'emplois dans ce secteur est passé de 88.000 en 2008 à 66.000 en 2015. Une tendance qui semble inéluctable mais que Donald Trump avait promis d'inverser. 
Cette abrogation du plan Obama intervient alors que le président américain avait créé la consternation au plan international début juin en annonçant sa décision de quitter l'accord de Paris sur le climat signé en décembre 2015 par 195 pays. Rappelons que les États-Unis sont le deuxième plus gros émetteur de gaz à effets de serre derrière la Chine - qui fait de gros efforts pour décorréler ses émissions de sa croissance, selon le dernier rapport de l'Agence Internationale de l'Energie.

Des risques pour le pays

Aux Etats-Unis, diverses formes d'opposition se font jour de la part de mouvements citoyens ou de villes et collectivités locales ou états fédéraux (dont 29 ont un mandat pour gérer leur propre politique énergétique), certains s'interrogeant ouvertement sur les risques que font courir aux pays lui-même les orientations de M. Trump en matière d'industrie, de sécurité d'approvisionnement à long terme voire de financement des infrastructures (lire notre article ci-dessous "Mr Trump, Follow The Money").  

Au chapitre des décisions abruptes, rappelons enfin que les Etats-Unis ont également abruptement mis fin au financement des ONG soutenant l’avortement, une décision dite de "global gag" (étouffement mondial) qui prive la santé reproductive des femmes dans le monde de 607 M$ évitant 20.000 décès par an (l'essentiel des fonds était distribué par l'agence de développement USAid), ainsi que l'arrêt du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) qui joue un rôle crucial sur la santé reproductive, la planification familiale et la démographie des pays en voie de développement en coupant ... 75 malheureux millions de dollars. 

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