Finance climat : le "Global Shield", un mécanisme pour répondre aux situations d’urgence (COP 27)

Laurence Estival | 15 Novembre 2022 | 577 mots

CLIMAT-SOCIETE-ANXIETE

"Pas en avant pour les uns", "élément de diversion" pour les autres, le "Global Shield", lancé officiellement le 14 novembre lors de la COP27,  est diversement apprécié. Présentation de ce mécanisme assurantiel, avec ses forces et ses limites.

"Non, le Global Shield n'est pas la seule solution à la question des Pertes et dommages. C'est une partie de la solution mais il en faudra d'autres pour répondre aux besoins." En introduisant la conférence de presse présentant hier cette initiative née de la collaboration entre le G7 et le V20 présidé par le Ghana qui rassemble les pays les plus vulnérables au changement climatique, la ministre allemande de la Coopération, Svenja Schulze, a immédiatement souhaité poser le cadre afin de répondre par avance aux critiques. "Il s'agit d'une aide d'urgence destinée à apporter le plus rapidement des financements auprès des populations touchées par une catastrophe pour minimiser le plus possible des conséquences de celle-ci, a-t-elle précisé. Si par exemple, des inondations privent un agriculteur de sa récolte, des financements pourront être débloqués pour que sans attendre il puisse racheter des semences et ne pas perdre ses revenus." 

Des réponses "sur-mesure"

Cette réponse à court terme se veut avant tout pragmatique. Concrètement, plusieurs instruments pourront être mobilisés : aide humanitaire, constitution de réserves spécifiques affectées à la catastrophe, décaissement accéléré de prêts contractés auprès des banques multilatérales de développement ou obligations d'Etat dont le remboursement sera réduit ou suspendu en cas de catastrophe… "Nous allons faire du cas par cas", a poursuivi la ministre. Une première liste de six pays -  Bangladesh, Costa-Rica, Ghana, Fidji, Philippine, Sénégal, Pakistan – vont être accompagnés pour définir les risques principaux auxquels ils sont les plus exposés. Un travail qui s'effectuera avec l'ensemble des parties prenantes (gouvernement, agences humanitaires, ONG…). L'idée étant de pouvoir anticiper bien en amont le type de réponses le plus adaptées en sachant que le mécanisme pourra aussi être sollicité pour des catastrophes non prévisibles, même si certains experts restent dubitatifs car pas définition, ce qui n'est pas prévisibles ne peut pas être anticipé... 

A ce stade, près de 230 millions d'euros ont été provisionnés -  dont 85 millions pour la mise en place du fonds qui sera abrité par la Frankfurt School of Finance and Management. "Des ressources qui ne sont certes pas suffisantes", a reconnu Svenja Schulze, qui espère bien entraîner dans le sillage de ces fonds publics des financements privés. Des administrateurs publics, privés mais aussi des représentants de la société civile siègeront dans son conseil d'administration. 

Première étape

"C'est une première étape", a conclu la ministre, s'engageant à ce que le dispositif soit en fonctionnement dans les "tout prochains mois quand le lancement d'une facilité dédié aux pertes et dommages risque de prendre plusieurs années."  Pour montrer le lien qui peut être fait entre ce Global Shield et la facilité spécifique que demande les pays en développement, les fonds versés via ce dispositif aux Etats du V20 bénéficiaires devraient alimenter le véhicule dédié aux Pertes et dommages qu'ils ont eux-mêmes décidé, sans attendre, de créer. Pas sûr toutefois que cette décision réussisse à rassurer les opposants du mécanisme assurantiel. D'autant que les 230 millions annoncés ne pèsent pas bien lourd par rapports aux besoins pour couvrir les pertes et préjudices estimés à plusieurs centaines de milliards d'euros… 

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