Charbon : Crédit Agricole s’engage à réduire à zéro son exposition d’ici 2030
Dans une déclaration publiée le 6 juin, Crédit Agricole annonce la mise en place d’une nouvelle politique visant à arrêter totalement ses investissements et ses financements au secteur du charbon d’ici à 2030, 2040 ou 2050, selon les zones géographiques. La banque demande aussi à ses clients de publier un plan de fermeture de leurs actifs charbonnés d’ici 2021. Une première qui, selon les ONG doit maintenant être suivie par des engagements similaires pour les autres énergies fossiles.
Dans l’alignement des engagements des banques visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, Crédit Agricole vient de prendre une longueur d’avance : "c'est la première à annoncer une politique de tolérance zéro vis-à-vis de l’expansion du secteur mais aussi de demander à ses clients de prendre eux aussi des engagements précis en publiant un plan montrant comment ils vont fermer leurs actifs d’ici à 2030 dans les pays de l’OCDE, à 2040 en Chine et en 2050 dans le reste du monde", se félicite Lucie Pinson, référente de la campagne des Amis de la Terre.
La banque a également annoncé qu’aucun nouvel investissement ou crédit ne sera accordé aux entreprises développant des activités dans le charbon sur l’ensemble de leur chaîne de valeur (extraction, production, négoce, transport). Une première également au niveau mondial. De nombreux investisseurs, dont des assureurs français, ont certes déjà exclu de leur univers d'investissement certains ou tous les développeurs de centrales à charbon. Cependant, ils ne couvrent que la production d'électricité De plus, tous les engagements ne se valent pas. Par exemple, AXA ne s'est engagé à exclure que les entreprises qui prévoient plus de 3 GW de nouvelles capacités charbon. Enfin et surtout, les engagements d'AXA, Allianz, Generali et Scor (un réassureur) ne portent que sur leurs investissements et non sur les activités de souscription - l'équivalent de décisions d'accord de financements pour les banques, analysent les Amis de la Terre.
À noter aussi que Crédit Agricole restreint dès à présent ses soutiens aux entreprises qui tirent plus de 25 % de leur chiffre d’affaires du charbon, "seul point sur lequel une autre banque française, Natixis, a déjà annoncé une mesure plus ambitieuse", nuancent les Amis de la terre et Oxfam, dans un communiqué commun.
Vigilance
Satisfaites, les ONG n’en demeurent pas moins vigilantes et entendent bien suivre la mise en œuvre effective des engagements de Crédit Agricole. Par ailleurs, elles souhaitent continuer à faire pression pour que les autres institutions financières s’alignent sur les engagements que vient de prendre Crédit Agricole. Et Alexandre Poidatz, chargé de la régulation du secteur financier chez Oxfam France met en garde : "on attend de L'État qu’il prenne ses responsabilités". Si les autres banques ne suivent pas, le gouvernement devra proposer un projet de loi pour réorienter les flux des acteurs financiers vers la transition, précise le communiqué.
"Nous allons également poursuivre notre action pour que Crédit Agricole prenne des engagements similaires à ceux visant le secteur du charbon pour les autres entreprises des énergies fossiles", ajoute Lucie Pinson. Crédit Agricole a en effet accordé un financement de 12,6 milliards d’euros aux énergies fossiles (charbon inclus) sur la période 2016-2017, plaçant la banque juste derrière BNP Paribas qui a alloué au secteur 12,8 milliards d’euros sur la même période, selon un rapport publié en 2018 par Oxfam. Au-delà des montants "Crédit Agricole obtient la palme de la proportion de financement la plus élevée dans les fossiles qui représentent 76 % de ses financements énergétiques", notait alors le document. Et si on exclut le charbon, Crédit Agricole monte sur la première marche du podium avec une exposition de 11,2 milliards contre 11,1 milliards pour sa concurrente…
POUR APPROFONDIR LE SUJET
- 10/06/2019 Voir l'article Veille RSE du 11 juin 2019
- 06/06/2019 Voir l'article Veille RSE du 7 juin 2019